La porte vers l'extérieur.

À la taverne, Maria finissait son service de remplacement. Les citoyens de l'abri commençaient tous à retourner à leur lieu de vie et il fallait commencer à nettoyer la salle. Elle ramassait les verres sur chaque tables pour les amener à l'évier où il s'entassaient les uns après les autres. Pour la énième fois Maria tenta d'ouvrir à fond les robinets mais rien n'y faisait. Rien ne s'écoulait du tuyau. Elle tenta de donner un grand coup dedans, il goûta mais rien de plus.

- Ce n'est pas avec ces larmes de crocodiles que je vais arriver à nettoyer quelque chose... Raaah ! Noi ancora non pi...


Avant qu'elle ne puisse continuer sa phrase l'alarme retentit la surprenant et la faisant lâcher les deux chope en bois qu'elle tenait. L'une d'elle était encore à moitié remplie et déversait son reste par terre.

- Puntina... Et ça aussi tient je vais le nettoyer comment...

Elle se mordit l'index. L'alarme de l'abri retentissait pour la première fois. Elle laissa en plan ce qu'elle avait à faire pour aller jeter un oeil dans le couloir. Quelques personnes sortaient elles aussi, voir ce qui se passait, un silence de mort régnait parmi la foule. Tout ceux qui vivaient en l'abri 219 s'y trouvaient pour survivre. Mais cette alarme, qui sonnait à travers tout le Vault, annonçait que même ici dans ce refuge, des problèmes pouvaient surgir à tout moment.
Maria décida de sortir et de savoir de quoi il en retournait. Elle servirait sans doute plus, qu'en restant appuyée sur le bar en attendant que le robinet fonctionne... Elle monta les étages rapidement et voyant que l'équipe du maintient de l'ordre si dirigeait vers l'entrée, elle les suivit. En approchant elle eut la surprise de recevoir un grand courant d'air sur son visage, ses cheveux volèrent dans tout les sens. Retirant les mèches qui lui tombèrent devant les yeux elle s'arrêta au milieu du couloir. Coite. Elle aperçu Monsieur Owen et Monsieur Voge.

- Nous nous passerons des formules de politesses. Que ce passe-t-il ici, bon sang? Pourquoi avoir ouvert les portes et, non de Dieu, pourquoi cette alarme ?

Fendant la foule tel un furet, Falg passa aisement entre toutes les personnes agglutinées grâce à sa petit taille. Il avait avec lui un des colis les plus lourd qu'il n'avait jamais porté bien que n'étant pas plus grand que son avant bras. Il le tendit à un des hommes en blouse blanche qui lui avait demandé d'approter cet étrange paquet qui se trouvait dans son bureau.
Lorsque ce dernier l'ouvrit, il dévoila à tous une étrange machine de fer :
-C'est un compteur Geiger-Muller, monsieur le superviseur, je suppose que vous savez vous en servir?

Bien que n'ayant entendu que quelques bribes de la conversation, Falg comprit rapidement que "le dehors" n'était pas une chose agréable, mais plutôt un combat de tous les jours pour quiconque s'y aventurerait. Cependant, quelque chose le genait :
* Tout un plat pour une porte... Une porte doit s'ouvrir et se fermer normalement. Celle-ci n'a jamais été que fermée ! Et de toute façon, comment aurions-nous pu vivre dans cet abri éternellement. Je suis bête mais j'écoute et j'apprend vite. Surpopulation, problèmes d'ordures, de pièces de rechanges... Il aurait bien fallu sortir un jour, et le plus tôt sera le mieux. *

Les soldats se rapprochèrent de Falg ce qui ne le fit pas sourciller un seul instant. Comme à son habitude, complétement détaché du monde, il ne pensa à rien en bousculant les personnes désignées avec lui dans le petit espace que les gardes leur laissaient. Il s'excusa poliment et recommença à penser :
* Finalement, un autre avenir s'offre à moi, une porte s'est ouverte dirait mon père * pensa ironiquement le jeune homme. * Ce qui est sûr c'est que personne ne voudra sortir tant qu'on ne leur aura pas prouvé que ce n'est pas dangereux... * Le coursier tourne légeremment la tête. Les gardes ont tous une matraque et un Colt. * Impossible de s'en aller maintenant, fuir ce doux enfer ce serait le bonheur. Plus de moqueries, plus de travail ; la liberté... *

-...C'est comme ça, dehors?...

Maria sursauta, ne s'attendant pas à ce que quelqu'un surgisse derrière elle de cette manière. Elle se retourna et vi une dame brune aux yeux très sombres près d'elle. Elle jetait un regard mauvais à monsieur Voge, semblant refoulé une haine profonde. Puis elle détourna son regard vers la sortie.
Mais.. c'est vrai ! La sortie... Maria ne l'avait pas vu, mais elle était ouverte... Le vent qui soufflait dans le couloir provenait de cette ouverture du Vault. En voyant les squelettes au dehors la cuisinière eut un frisson dans le dos. Elle resta la impassible, le visage figé et l'esprit songeur. Elle n'aperçu pas le coursier qui arrivait à son tour. Celui qu'elle avait vu la veille au bar.

- Monsieur ! Des civils, ils ont franchi le périmètre de sécurité !

Quand le groupe de superviseurs et de gardes se retourna vers eux, Maria se dit qu'il ne valait mieux pas rester ici. Qu'elle aurait mieux à faire. En cuisine peut être. Elle ne protesta pas quand les gardes les repoussèrent plus loin, elle s'apprêtait même à faire demi-tour. Mais... Comment est-ce maintenant dehors ? Est-ce calme, ou dangereux ? Sa curiosité la titillait mais...

- Ici le Superviseur. Les problèmes techniques sont en cours de restauration. Celui des canalisations a été cependant réglé. Un code jaune est néanmoins nécessaire pour le bon déroulement de la suite des opérations. Tout citoyen qui sera vu en dehors de ses quartiers fera l’objet de réprimande. Merci de votre coopération.

L'eau était revenue, sa vaisselle l'attendait. Et si elle restait ici, elle aurait des soucis. Mais quand on devient cuisinière après des années de plongé, on a pas envie de se remettre à frotter des verres. Maria aurait voulu demander l'avis à la jeune femme qu'il y avait derrière elle : que pensait-elle de cette ouverture. Que ressentait-elle. La jeune italienne se demandait si elle était la seule à vouloir des nouvelles du dessus. Mais elle savait en contrepartie qu'ici on se trouvait en sécurité... En fait elle attendait seulement des nouvelles du dehors.

- Bon .. vous trois. Vous allez me suivre, on va discuté.

Sortant maria de ses pensés, elle vit Monsieur Voge revenir en arrière, un air déçu sur le visage. Apparemment il n'avait pas eut les nouvelles qu'il voulait. Elle remarqua qu'il lança lui aussi un regard à la deuxième femme, comme une réponse au premier qu'avait lancé la fille brune. Mais Le regard de Théos était beaucoup plus neutre et il sembla bien vite se détourner. Ils avaient déjà du se croiser.
Et c'est sur cette remarque à elle-même qu'elle suivit l'escorte sans broncher, mais restée sur sa faim.

Quand Théos Voge avait regardé Okko, celle-ci avait été comme pétrifiée, puis le voyant haussé des épaules, elle eu un spasme de fureur rapidement estompé par la curiosité du dehors.

*Après tout... Je ne doit pas être la seul dans mon cas*

-Bon .. vous trois. Vous allez me suivre, on va discuté.

Elle suivit le groupe à contre coeur, regardant "l'inconnu" par dessus son épaule, qui l'attirait.

" 0-1-9 Ici QG, escouade Delta vous me recevez ? A vous."

"QG, Ici Escouade Delta la tempête brouille nos capteurs et notre radio capte mal. Sommes nous sur la bonne direction ? A vous."

"Affirmatif Delta, le radar le confirme. L'objetif est à 2 kilomètre de votre position. Euh... Il est même possible que leurs appareils vous aient repérés... Attendez... On a autre chose... Vous voyez quelque chose ? A vous."

"Negatif, on ne voit pas à un mètre. A vous."

" J'informe le haut... Une minute... Vous avez ordre d'établir un périmètre défensif. Je répète stoppez votre avancée. Il est fort possible que le deuxième signal soit une bande de pillards et pour l'heure rien ne bouge nous vous tiendrons au courant dès qu'il y a du nouveau. A vous. "

"Reçu QG... Ici Delta terminé."

L'équipe de sécurité resta silencieuse, fascinée ou inquiétée par cette communication. Il y avait donc d'autres personnes, des survivants dans ce désert de neige radioactive ? Que cherchaient-ils, sous quelle bannière, combien étaient-ils ? Des questions affluaient en masse devant une telle nouvelle conception du monde. Certains restaient encore figés devant la porte ouverte, les autres tentèrent en vain d'assouvir leur curiosité au technicien boulversé. Patric fit signe à son neveu que le problème des civils était désormais réglé. Le superviseur fronça les sourcils, les ordres de procédure Vault Tec avaient clairement insisté qu'une sortie ne serait possible qu'au mandat du 5ème superviseur. La radioactivité s'annonçaient trop forte... Pourtant cette "escouade" se dirigeait droit sur eux. L'abri se dévoilait un objectif. Leur technologie semblait très performante, une organisation impressionante, oui ce n'était pas une simple bande de récupérateurs. Pouvait-il y 'avoir un nouveau gouvernement ? Peut être que l'armée avait surmonté la guerre nucléaire. Cependant Owen doutait d'une assistance de ce groupe. En réalité il ne savait pas sur quoi s'appuyer, malheureusement même son oncle comme tous les autres attendaient de lui qu'il les sorte d'affaire.

" Ah putain un interphone ! Eh y'a quelqu'un ? C'est pour le ménage !"

Cette voix venait de la radio mais cette fois, cela ne s'annonçait pas une communication éloignée, c'était tout près.

" Cible identifiée; taux de radioactivité élevé; utilisation de la force létale demandée."

" Vous avez entendu les sentinelles ? Que fait-on monsieur le supervi..."


Un coup de feu, le garde Nelson reçut une balle sous la visière de son casque et sa gorge éclata.

" Homme à terre ! Ouvrez le feu !"

Tous pointèrent leurs armes vers la galerie et commencèrent une abrutissante fusillade. De l'autre côté on répliqua mais la puissance de feu se montrait moindre et s'arrêta bien vite. Cependant les gardes de sécurité continuaient aveuglement, il fallut qu'Owen hurle halte au feu pour que tous s'arrête, certains durent même changer de magasin. On s'attendait à un silence ou à une reprise du combat mais une plainte vint les tromper. Quelqu'un semblait agoniser de l'autre côté.

" Chef, Nelson..."

" Je sais. Vous deux, allez voir. Sentinelle Bravo, appuie les."

Les deux hommes s'avançèrent la peur au ventre, suivis de l'engin de mort métallique qui se déplaçait à la manière d'un char. Ses voyants s'allumèrent. Les plaintes se changèrent en hurlement, tous écoutaient l'insupportable souffrance de l'ennemi inconnu.

" Ils sont tous morts... J'en vois quatre... En voilà un cinquième et il bouge !"

Owen se mit à les rejoindre malgré la tentative de son oncle de l'arrêter. Les corps inanimés gisaient, étalés et brisés contre la roche noire. Ces hommes se protégeaient du froid de piètres pièces de métal en guise d'armure de fortune et de fourrures. De la peau d'animal que l'Irlandais n'avait vu que dans des fichiers d'avant guerre. Un garde lança un cri de dégoût, après avoir oté le masque d'un des morts, il vit un visage ravagé par le froid et les radiations. Toute l'équipe de sécurité s'annonçait bonne pour les chambres de décontamination. Le superviseur alluma une cigarette et se baissa pour mieux voir le blessé. Il pouvait sentir sa respiration haletante , une balle de .308 dans le ventre, il n'en avait plus pour très longtemps. Le chef de sécurité soucieux de sa famille arma son arme en direction du front de cet intru.

" On ... Est pas seul. Y vont nous venger... Vous allez crever comme des porcs..."

" Monsieur ...?"

" Postez tout le personnel de sécurité en défense. Patric, réunion du conseil, maintenant."

Ils ramassèrent l'armement des vaincus, le condamné gemissait le souffle douloureux. Les dangers de l'exterieur se précipitaient déjà et un des leurs avait perdu la vie.